LE DUEL DES MOTS
Comment ne rien prendre personnellement ?
Les clés pour comprendre les agressions verbales sans les subir.
Le duel des mots évoque une confrontation verbale où chaque échange semble être une lutte, souvent intense et émotionnelle. C’est une bataille entre deux individus qui réagissent en fonction de leurs propres souffrances, insécurités ou frustrations, mais qui ne sont pas toujours conscientes du vrai message derrière leurs mots.
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L'ART DE NE RIEN PRENDRE PERSONNELLEMENT : Explorer la puissance du regard intérieur pour transformer les mots blessants en une opportunité de croissance.
Nous vivons dans un monde où les mots peuvent blesser, où chaque échange peut devenir une bataille verbale. Pourtant, il existe un art subtil et puissant qui nous permet de ne plus être affectés. Et si, au lieu de nous sentir attaqués, nous commencions à voir chaque parole comme un reflet des souffrances intérieures de l'autre ? Ce voyage vous invite à découvrir comment, en changeant votre regard, vous pouvez transformer les agressions verbales en une force de paix intérieure.
Et si, à partir d’aujourd’hui, vous commenciez à voir chaque mot comme une opportunité de grandir, où chaque échange devient une chance de mieux comprendre l'autre et vous-même ?
" Let's take a look " !
LES CLÉS POUR COMPRENDRE LES AGRESSIONS VERBALES SANS LES SUBIR
Que ce soit au travail, avec des proches, avec sa famille ou son mari, au détour d’une consultation médicale ou des courses … nous pouvons vite être la cible d’agressivité verbale … Si, comme moi, juste une petite phrase, parfois même indirecte, vous amène à vous sentir mal et à des cogitations interminables, sachez que ce n’est pas une fatalité. Grâce au changement de regard suivant, nous pouvons comprendre les mécanismes humains, ce qui se joue derrière la colère de l’autre et retrouver la paix.
Peux-tu donner un exemple concret ?
La semaine dernière, en consultation pour mon fils, le décalage entre ma vision éducative et celle du médecin est devenu évident. Ses injonctions étaient de plus en plus oppressantes, si bien que j’ai fini par expliquer notre point de vue divergent.
La discussion, finalement courte, s’est résumée à une tentative désespérée d’explications pédagogiques de plus en plus détaillées de ma part contre des injonctions criées de plus en plus agressives de sa part. Chaque mot que je prononçais semblait ajouter de la tension. Finalement, à bout de ressources, j’ai fini par me soumettre, à répéter des « oui » de complaisance.
En sortant de la consultation, j’étais vidée et profondément mal à l’intérieur, non seulement à cause de la lutte, mais aussi parce que je m’étais sentie forcée à une position de soumission.
Y-AURAIT-IL UN MESSAGE CACHÉ ?
Il se trouve que je connais un peu le contexte de cette personne. Elle se sent désemparée et désorientée car elle est en pleine séparation en ce moment. En fait, elle a gonflé le torse et élevé la voix pour tenter de regagner un sentiment de contrôle. C’était sa manière de dire : « je me sens impuissante dans ma vie, il faut que je reprenne le pouvoir. En plus je me sens fatiguée de lutter, je n’ai plus la force de faire des efforts. » Si seulement elle avait pu le dire comme ça, tout aurait été différent.
En prenant conscience du véritable message, je me sens tout à coup attendrie et connectée à elle dans une grande empathie. Je ne ressens plus de combat, ni d’opposition, ni d’obligation de soumission. Je me sens d’égale à égale, avec l’envie de la prendre dans mes bras. Comment puis-je lui en vouloir de tant de vulnérabilité ? De tant d’humanité ? D’ailleurs qui sait gérer aujourd’hui la sensation d’impuissance ? C’est très difficile. J’aurais pu être n’importe qui en face d’elle, elle aurait sûrement réagi de la même manière.
Alors oui la forme prêtait à confusion car elle était dirigée contre moi, mais le fond était dirigé pour elle. En réalité, je n’ai pas été la victime d’un bourreau, mais j’ai assisté à une tentative désespérée d’une personne qui se sent victime dans sa propre vie.
Les accords toltèques ont toujours raison : ne rien prendre personnellement.
MAIS COMMENT PEUT-ON ENTENDRE LE MESSAGE CACHÉ DERRIÈRE UNE AGRESSION VERBALE ? SOMMES-NOUS OBLIGÉS DE NOUS DÉFENDRE ?
Ce n’est pas facile car nous n’y sommes pas habitués mais ce changement de regard est une gymnastique. Si on s’entraîne un jour, ce sera facile.
Pour y parvenir, nous pouvons garder en tête la version revisitée du conte d’« Androclès et le Lion » . C’est l’histoire où la tribu cherche à tuer le lion agressif. À la fin, on s’aperçoit que le lion a une épine dans la patte et que la douleur le rend fou. C’est un enfant qui lui enlève et bien sûr, ils finissent amis. Bien sûr, car c’est cet acte de connexion au cœur de l’autre qui transmute les situations. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de la compassion.
Être agressif, n’est pas une personnalité, c’est une réaction à des douleurs que l’on n’arrive pas à gérer.
Par exemple, lors de ma dernière dispute avec mon mari, il m’attaquait en disant « De toute façon, toi tu… » … Quel est l’épine dans sa patte ? À ce moment, il se sentait désemparé car il n’arrivait pas à se faire comprendre. Il avait l’impression de ne pas être écouté et de ne pas avoir son mot à dire sur le sujet. Il se sentait exclu.
Quand je comprends que si l’autre agresse, je n’en suis pas le sujet et qu’il ne parle que de lui, alors je ne suis plus dans la posture de la petite fille (ou du petit garçon) qui se soumet face à l’autorité qui s’impose. Je n’ai plus besoin de culpabiliser, de me juger ou de me condamner pour avoir osé. Je peux alors rester complètement moi-même, m’assoir et dire ces mots qui vont tout changer, ceux qui vont résonner avec le véritable message : « Mon cher mari que j’aime à l’infini, je sais que tu as une opinion sur ce sujet. Que veux-tu dire ? Je t’écoute. »
LA COMPASSION : UN CHEMIN VERS LE CONTRÔLE OU LA LIBÉRATION ?
Maintenant que l’on sait que la compassion est la meilleure manière de réagir à une attaque verbale, n’est-ce pas une incitation malheureuse à plus de contrôle et de maitrise dans nos vies ?
Bien sûr, nous ne pouvons pas, par tous les temps, être dans cette belle posture d’empathie puisque nous sommes humains et par définition imparfaits et variables. Nous avons, nous aussi, nos propres émotions, nos propres failles et nos propres impulsions. Si nous cherchons à toujours nous contrôler, nous serons alors sur la voie de l’explosion. D’ailleurs la posture de compassion envers l’autre, demande déjà d’avoir de la compassion envers soi. Ce n’est qu’une fois que nous avons su transmuter nos propres émotions que nous pouvons créer un espace intérieur disponible pour l’autre. C’est la condition à la clairvoyance du véritable message et à la création de relations constructives.
EST-CE ACCEPTABLE POUR AUTANT DE SE FAIRE AGRESSER VERBALEMENT ? DOIT-ON TOUT EXCUSER ? NE FAUT-IL PAS AUSSI PUNIR ?
Non, évidemment. Mais lorsque je comprends que ce n’était pas une agression, je me libère.
Nous sommes principalement conditionnés par des mécanismes de défense naturels et universels (y compris chez les animaux) que sont : l’attaque, la stupeur ou la fuite. Mais, maintenant, si on peut transformer une attaque en un message maladroit d’appel à l’aide, alors aucune de ces 3 réactions ne serait nécessaire. On continue alors à se sentir bien, spontané et libre. Ici, il s’agit juste d’inverser les présupposés et les mécanismes réflexes.
La notion de punition est très présente en France. Elle part du présupposé que l’interlocuteur ne peut comprendre que par la peur ou la souffrance. Cela néglige, à la fois, la capacité de l’autre à pouvoir comprendre, ainsi que son besoin non satisfait. Or, beaucoup d’entre nous ont les ressources pour comprendre si on leur explique, voire, si on leur propose des stratégies. Par exemple, il était proposé à des enfants de 2 ans de rester 10 min devant un CHAMALLOW sans le manger pour pouvoir en gagner un deuxième. La plupart étaient incapables et craquaient sur ce merveilleux petit CHAMALLOW. Mais lorsqu’on leur proposait d’utiliser la stratégie d’imaginer que c’était un nuage ou un tableau, et donc que ce CHAMALLOW n’était pas comestible, ils réussissaient à attendre.
Il faut comprendre que la nature de l’homme sera toujours de chercher le confort, le plaisir, l’amour, la reconnaissance et la facilité. Simplement, la plupart du temps, nous n’avons pas appris à gérer de manière constructive nos souffrances, nos émotions ou nos besoins.
Nous restons responsables de nos actes. Même si la personne agit sous le coup de sa propre souffrance, elle a le devoir de travailler sur elle-même pour trouver des stratégies de gestion plus constructives. Tout comme nous sommes aussi responsables de nos réactions. De celles qui vont produire une escalade du mal être et de celles qui vont plutôt être constructives, pour nous d’abord (et éventuellement pour les autres).
La compassion n’amène donc pas à tout accepter comme un béni-oui-oui. Il est clair qu’il faut savoir poser des limites. Elles sont d’ailleurs nécessaires pour offrir un cadre de sécurité et assurer une certaine paix sociale.
Mais puisque nous savons maintenant transformer une attaque en appel à l’aide. Nous sommes libres de pouvoir dire non. Nous pouvons alors rappeler les règles à ne pas dépasser avec fermeté. Si besoin, nous pouvons demander réparation. Ensuite, si nous en avons envie, nous pouvons écouter le véritable message et, éventuellement, chercher ensemble une solution plus adéquate aux besoins sous-jacents.
PARDONNER : ENCOURAGER LES MAUVAIS COMPORTEMENTS OU SE LIBÉRER ?
Finalement vous dites à demi-mot qu’il faut tout pardonner. N’est-ce pas une manière d’encourager les mauvais comportements ?
Cette question me rappelle une histoire de mon grand-père. La femme de son fils l’a quitté et 35 ans plus tard, il refuse d’assister aux anniversaires de ses petites filles pour éviter de recroiser cette femme. 35 ans plus tard, il cherche à la punir, mais à qui fait-il du mal ? À lui d’abord, en revivant cette histoire comme si le temps s’était figé et à ses petites filles, qui ne peuvent pas voir leur grand-père, lors de ces actes si symboliques et importants que sont leurs anniversaires. Cette femme en question a refait sa vie et se porte très bien. Elle est passée à autre chose. Elle n’est pas du tout touchée par ce genre de punition.
La rancœur nous ronge de l’intérieur, elle nous emprisonne dans une boucle de ressentiment. Pardonner ce n’est pas encourager la personne à continuer ses agissements. Pardonner, c’est choisir de ne plus porter le poids de la colère, de la rancœur et de la haine. Cela veut dire : « Par le don de l’amour, je mets de la paix dans cette affaire afin de m’en libérer. ». C’est une démarche que l’on fait pour soi et qui laisse à l’autre sa responsabilité. Pardonner, c’est dire : « Même si je ne suis pas d’accord avec ce qui a été, je choisis d’être en paix intérieure avec cette affaire. J’arrête de nourrir cette histoire. Je la clôture et ce n’est plus un sujet pour moi. » Finalement, pardonner ne justifie pas les actes de l’autre, mais allège son propre fardeau émotionnel. Mais Olivier Clerc pourra vous en dire plus dans son livre « Peut-on tout pardonner ? » . C’est un processus alchimique que l’on retrouve aussi dans le merveilleux documentaire « L’infini puissance du cœur » de Drew Heriot.
Rappelons-nous aussi avec humilité, que nous avons tous fait des erreurs dans le passé. Nous ne pouvons pas payer toute notre vie le poids de l’ancien. L’expérience et la maturité se forgent avec le temps. Les erreurs sont nécessaires. L’instant présent est toujours une seconde chance. Il nous offre la possibilité de faire de nouveaux choix, de réparer nos fautes et de produire quelque chose de différent.
Entre compassion et pardon, que faisons-nous des pervers narcissiques et de toutes les dérives pathologiques voire même des agressions physiques ?
Nous sommes maître de notre royaume intérieur. Ce qui veut dire que nous choisissons qui peut se présenter à notre porte ou non. Oui, nous pouvons comprendre la souffrance de l’autre, oui nous pouvons pardonner mais cela n’empêche pas que si c’est nécessaire, nous avons le devoir de nous protéger et de poser des limites, aussi bien physiques, émotionnelles que spirituelles.
CE QUE VOUS NOUS DÉCRIVEZ, POURRAIT-IL NOUS AMENER VERS UNE SOCIÉTÉ PLUS HUMAINE ?
Il est indéniable que les conflits et les agressions verbales peuvent toucher chacun de nous dans la vie quotidienne, et face à cela, il est souvent plus simple de se laisser emporter par la colère ou la douleur. Cependant, adopter une approche basée sur la compassion peut transformer notre expérience de ces situations.
C’est en cultivant cette capacité à comprendre l’autre sans se laisser envahir, à transformer les attaques en gestes d’appel au secours, en pardonnant tout en tenant les autres responsables de leurs actes, que nous pouvons espérer construire une société plus fertile. Je crois que nous avons le devoir de devenir la meilleure version de nous-même, mais aussi de créer les conditions pour que l’autre puisse développer le meilleur de lui-même.
Désormais, je choisis de ne rien prendre personnellement, de me libérer du poids de la rancœur, d’écouter le véritable message de l’autre. Je tente des postures plus fertiles pour des relations constructives. Je co-construis des dialogues profonds et des solutions, je choisis de trier les personnes qui m’entourent, je pose des limites clairement, et j’œuvre à faire ressortir le meilleur chez l’autre.
Merci infiniment Chloé pour cet article éclairant qui nous apprend à voir au-delà des mots et à réagir avec compassion.
Ta sagesse nous aide à comprendre les émotions cachées derrière les paroles agressives et à transformer nos réactions en opportunités de connexion.
Bio de Chloé
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Chloé LESAGE
Coach en leadership et facilitatrice de projets
« Guerrière de cœur, c’est souvent ce que je reçois comme conclusion lorsque j’explique mon parcours de vie. Après un début pas évident sur cette terre, j’ai cherché l’équilibre intérieure et l’expansion à travers un parcours de développement personnel de 15 ans où j’ai testé toutes les pratiques conventionnelles et atypiques.Comme on n’arrête jamais d’apprendre, je nourri continuellement ma soif de comprendre. Haut potentiel intellectuel et émotionnel, j’ai appris à mettre mes capacités au service de la vie pour que ça devienne un cadeau.
Ma méthode est à la jonction entre qui je suis, la réappropriation de ma formation de 2 ans en coaching en développement personnel ainsi que toutes mes expériences de vie.
C’est une pratique qui met en expérience et qui intervient, tout en même temps, sur le corps, les émotions et la dimension spirituelle. Pour moi, il est hors de question d’accompagner pendant des années ce qui provoquerait, à mon sens, de la dépendance. Or mon travail est de créer les conditions de réappropriation de son pouvoir intérieur pour obtenir des résultats immédiats de matérialisation de ses objectifs. »
Plus d’informations sur son parcours professionnel
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